Qui a déjà réussi à éviter les réseaux sociaux (notamment Facebook, Youtube et Instagram) plus d’un mois ? C’est votre cas ? Chapeau. Pour les autres, comme moi, ils sont là, un peu toutes les semaines, ils nous hypnosent, nous manipulent, nous exposent à des informations très polarisantes ou fausses et on regrette souvent le temps que l’on vient d’y passer. Quels sont les dangers réels des médias sociaux ?
Les réseaux sociaux exploitent les failles du cerveau
Ce n’est pas pour rien que le repenti Chamath Palihapitiya, ancien vice-président chargé de la croissance de l’audience, chez Facebook, s’inquiète d’avoir « créé des outils qui déchirent le tissu social ».
Comme Tristan Harris, un autre expert en technologie persuasive (formé au Standford Persuasion Technologie Tech Lab), il fait parti des repentis autoproclamés des réseaux sociaux. Ils font leur mea culpa car ils considèrent avoir utilisé leurs compétences à mauvaise escient, en aidant lesdits réseaux à devenir incontournables et addictifs.
Ils ont notamment étudié le fonctionnement du cerveau, et comment exploiter le fameux temps de cerveau disponible, les failles de la psychologie humaine, les méthodes permettant de détourner l’attention humaine, pour l’utiliser à profit.
La captation de l’attention, ou captologie, pour faire plus court, permet en effet, de faire adhérer l’utilisateur aux publicités ciblées, dont il est subtilement bombardé, sur Google Chrome ou sur Facebook.
Ce que ces ingénieurs ont appris, en matière de technologie persuasive, consiste à affiner les profils des utilisateurs, grâce aux traces qu’ils laissent derrière eux sur les réseaux sociaux. Il y a… nos habitudes de connexion, ce que nous « likons » (aimons), nos recherches et ce que tout cela dit de nos personnalités.
L’affinage des profils utilisateurs et la compilation des données qui en résultent, permettent d’anticiper nos envies, de prédire nos actions, nos besoins et de nous vendre les produits de sociétés tierces. Cela s’appelle le capitalisme de surveillance.
Ces outils nous ont mis en situation de dépendance et de manipulation technologique.
Comment les réseaux sociaux nous manipulent-ils ?
« There are only two industries that call their customers « users »: illegal drugs and software ».
Traduction : Il n’y a que deux industries qui utilisent le terme d’utilisateur, pour désigner leurs clients : celle de la drogue et celle du logiciel. »
Les icônes colorées nous rendent addicts
Les interfaces, les smartphones même sont conçus pour nous donner sans cesse envie d’y revenir. Les icônes colorées, présentes sur le smartphone, ressemblent, ni plus ni moins, à des bonbons…
Les notifications qui apparaissent sur ces icônes colorées nous font l’effet d’une petite récompense. Et qui dit récompense dit explosion de dopamine, sérotonine. Cette récompense rapide pour cerveau qui s’ennuie devient une drogue.

Le scroll infini stimule le circuit de la récompense
Le scroll infini provoque le même effet de récompense ! Il nous permet de voir, à l’infini, de nouveaux contenus, sur notre smartphone. Il s’inspire directement des machines à sous, dans les casinos.
On appuie en effet sur l’effet de surprise et la possibilité de récompense : vais-je gagner quelque chose ???
Cette technique de manipulation s’appelle le positive intermittent reinforcement ou renforcement positif.
Nous sommes tombés dans une situation de dépendance à nos outils technologiques. Ce n’est plus nous qui nous en servons pour nous faciliter la vie et les échanges, mais eux qui nous emploient sciemment pour servir leurs propres objectifs.
Ils nous adressent des publicités, des contenus ciblées, pour influencer nos comportements de consommateurs. Nous sommes leurs rats de laboratoire. Ils utilisent nos failles psychologies pour nous faire faire ce qu’ils veulent.
Les réseaux sociaux rendent fou ton égo
Comment font-ils ? Ils jouent sur la corde sensible de notre besoin fondamental d’interactions sociales, de validation sociale par le groupe.
Notre tribu Facebook, pour nous pousser à retourner sans cesse sur les réseaux, afin d’être sûrs que nous n’avons rien raté.
Les likes stimulent le circuit de récompense. De nouveau, les notifications et les « likes » activent le circuit de récompense.
Ces cœurs, ces « J’aime » nous donnent le sentiment d’avoir de la valeur, que cette valeur est véridique, réelle.
Prenons l’exemple des filtres sur Instagram : ils permettent de jouer avec notre image et de la renouveler sans cesse, tout comme l’approbation des autres. Il nous en faut toujours plus.
Le levier de l’approbation sociale
Ces réseaux nous permettent de nous créer une popularité illusoire, factice, extrêmement fragile, si ce n’est éphémère. Imaginez que Facebook, Instagram et Youtube disparaissent demain.
Sans eux, les influenceurs ne seraient plus rien. Cette popularité repose sur du vent, n’a aucune valeur.
Par ailleurs, notre quête d’approbation sociale est totalement tordue, distendue par cette possibilité, que l’on offre à des centaines, des milliers de personnes de nous juger, d’avoir un droit de regard sur notre personne. Jamais dans l’histoire de l’humanité cela n’avait été possible.
Idéaliser l’image de soi
On joue sur notre narcissisme, notre besoin fondamental d’être aimé, approuvé.
Par ailleurs, la mise en scène de soi, sur les réseaux, cette façon de se tirer vers le haut, en permanence, juste pour le regard des autres, a des conséquences néfastes sur nous tous. Sur Instagram, la multiplication d’images de gens musclés et de lieux de vacances paradisiaques peut vite donner l’illusion à tout un chacun que sa vie est sans saveur.
L’image idéalisée de soi que d’autres peuvent renvoyer, sans fatigue, sans faiblesses, est une catastrophe pour la confiance et l’estime de soi générales. Par ailleurs, la culture du soi entraîne une baisse généralisée de la compassion pour les autres.
Les réseaux sociaux nous empêchent de nous reposer
A force de favoriser et d’encourager, par son fonctionnement même, la comparaison de sa vitrine avec celle des autres, Facebook ou Instagram font augmenter les troubles de l’humeur chez les jeunes : anxiété, déprime, troubles de l’attention. Dans les pires des cas, ils conduisent au suicide.
Les réseaux sociaux formatent la jeunesse, la rende incapable de rester seule face à elle-même. Le smartphone deviennent un prolongement de soi, une tétine numérique, considérée par beaucoup, comme un moment de détente, mais qui est en réalité une façon de fuir l’ennui et la capacité à rester seul, sans interactions.
Pire, les ingénieurs derrière ces réseaux ne comprennent pas toujours le comportement de leurs algorithmes, donc ne peuvent en prévenir/prédire les effets pervers tant Facebook, Instagram et compagnie ont grossi. Facebook, par exemple, a eu beau constaté le malaise grandissant des jeunes femmes, en raison du système Instagram, il n’a rien fait pour régler la situation.
De la nullité profonde d’Instagram
Instagram, ce sont plein plein plein de contenus intéressants voire passionnants, mais également beaucoup de bullshits qui donnent envie de se pendre.
Le nombre de followers est souvent faussé : en effet, un paquet de gens qui vous suivent ne fréquentent plus Instagram. Idem avec ceux que vous suivez vous : beaucoup d’entre eux ne publient plus rien depuis des plombes…
Instagram c’est beaucoup d’efforts et peu de vraie notoriété.
Comment peut-on aimer passer du temps à travailler, retoucher des images, sur un écran minuscule, juste pour afficher une belle vitrine de soi-même, de sa vie, sur un réseau virtuel ? #vacuité-de-l’existence. Fatigue visuelle et aliénation, à force de retouches, combien d’heures peut-on perdre pour quelques poignées de likes sans signification réelle ?
La publication, l’interaction via le smartphone est complètement archaïque, fatigante et chronophage !
Une alternative intéressante à Instagram ? PixelFed !
Avec PixelFed, on peut publier de belles images, via son ordinateur, sans craindre d’être comparé.e à d’autres, via un algorithme néfaste. Il ne reste qu’à migrer vers cette plateforme décentralisée qui fait partie de la famille de Diaspora !
Comment les influenceurs fragilisent-ils la jeunesse ?
Les influenceurs sont d’autant plus néfastes que contrairement aux publicités télévisées, auxquelles nous étions habituées, enfants, nous, la génération Y, les plus jeunes peuvent s’identifier à leurs influenceurs. La proximité est beaucoup plus grande.
Les marques exploitent largement le boulevard offert par cette armée de jeunes gens « authentiques », ces hommes et ces femmes sandwich qui vous diront vraiment ce qu’ils ont pensé d’un produit…en vous proposant au passage un super code promotionnel pour aller acheter ce produit for-mi-dable ! Ils peuvent même leur écrire des messages idolâtres, participer à des jeux-concours, youhou !!!
Tous ces influenceurs aspirent la jeunesse, mais pas que, dans l’ère du vide. Des vidéos ineptes, ponctuées de déglutissements savants, pour parler de ces choses, qu’on pourrait faire entre copains, dans le monde réel.
Heureusement, heureusement, ils sont trop nombreux ces influenceurs jeunes et beaux ! A peine se sont-ils installés dans la place qu’ils se fanent…
Le saviez-vous ?
Facebook, Whatsapp et Instagram totalisent 4.58 milliards d’utilisateurs, soit la moitié de l’humanité.
La dangereuse influence des réseaux sociaux sur nos démocraties
Les GAFAM pourraient changer de business model. Ils ont suffisamment gagné d’argent. Ils ont totalement échappé à leurs créateurs (complotisme, fake news). En effet, ces derniers ne peuvent pas imposer une vérité, décider de ce qui est juste ou pas. Cela pose un vrai problèmes de modération des commentaires et contenus.
Les gens communiquent de façon plus agressive qu’empathique sur les réseaux. Ils restent exposés à des contenus polarisés. C’est même un accès illimité à ces contenus très polarisants qui provoquent des émotions fortes (colère, tristesse, joie) et mettent en exergue ce que la société a de pire. Après ça, ils ne prennent plus de gants avec les autres, se sentent protégés derrière leur écran et font preuve d’incivilité, jugent à l’emporte-pièce…
Il y a déjà trop de personnes malintentionnées, avec des buts très individualistes qui utilisent leur influence, sur les réseaux sociaux, qui manipulent les opinions de centaines de milliers de personnes pour arriver à des fins personnelles. Bolsonaro, par exemple, a massivement utilisé les réseaux sociaux, pour se faire élire. La Russie a pu déstabiliser les élections américaines, grâce aux simples outils FB.
Comment réduire l’emprise des GAFAM dans nos vies ?
- Préférer le navigateur Brave (pas de pistage, de publicités, de cookies) à Google Chrome !
- Supprimer les notifications du smartphone. Fastoche ! C’est horripilant ces bips, ces flashs de lumière, pour vous informer de tout et de rien !
- Supprimer de son téléphone, les réseaux sociaux
- Vidéo. Ne pas accepter les recommandations vidéo de Youtube. Choisissez vous-même ce que vous voulez regarder !
- Partage d’informations. Avant de partager un contenu sur les réseaux sociaux, vérifiez son exactitude : a-t-il été relayé ailleurs sur Internet, dans les mêmes termes ? Par des sources connues ? De quand date-t-il réellement ? Consultez différentes sources d’information, pour vous faire une opinion. Exposez-vous à différents points de vue !
- Partage de contenus. Je sais, c’est difficile pour certain.e.s, moi la première, mais nous devrions éviter de cliquer sur les boutons « triste », « joyeux », « solidaire » ou « Wouah » de Facebook ! Plus on « like » et on consulte un contenu, plus il se propagera et ce sera toujours plus d’argent pour celui ou celle qui a quelque chose à vendre.
- Passer son téléphone, aussi souvent que possible en niveaux de gris : sur Android, Mode Coucher > Nuances de gris. Cela supprime le renforcement positif.
- Se séparer de ses appareils électroniques. Placer ses appareils électroniques en dehors de la chambre à coucher. Dur à tenir quand on a pris l’habitude de s’endormir avec des podcasts.
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