Où est la frontière entre collecte de nos données personnelles et surveillance de masse ? Nous avons du mal, collectivement, à mesurer le danger que représente, pour la vie privée, la collecte dématérialisée de nos données sur les réseaux sociaux et GAFAM. Pourtant ce siphonnage d’informations privées est réellement problématique. Pourquoi ?
En quoi ça craint que l’on collecte nos données personnelles ?
Qui collecte nos données personnelles ?
Les GAFAM, à savoir Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft, tout le monde les connaît. En revanche, on ne sait pas forcément quels intérêts politiques particuliers ils peuvent servir. Leur situation de monopole leur donne presque autant de pouvoir que des états…Le saviez-vous ?
Facebook, Whatsapp et Instagram totalisent 4.58 milliards d’utilisateurs, soit la moitié de l’humanité.
Derrière les murs de ces entreprises, nous ne savons pas exactement qui sont les sous-traitants qui proposent ces applications, et avec quelles autres entreprises privées ils interagissent et quelles données ils leur transmettent.
Nous ne savons pas non plus qui dirige ces sociétés anonymes, en dehors des Zuckerberg, Bill Gates, etc. ni où elles sont situées ! Or, elles sont parfois implantées à l’autre bout de la planète !
Quelles données sont collectées par les applications GAFAM ?
- Qui nous sommes (âge, sexe, genre).
- Où nous allons, si on ne supprime pas la géolocalisation sur notre téléphone.
- Ce que nous consultons et à quelle fréquence.
- Avec qui nous interagissons sur les réseaux sociaux.
- Les numéros que vous contactez, à quelle fréquence, à quels horaires, par message écrit ou vocal.
- Photo de profil.
- Identifiants et informations contenues dans la description des contacts (Michelle numéro de portable : 06 123 345 677 ; fixe : 01 23 45 67 89).
- Temps d’appel.
- Nombre de messages échangés.
- Heures d’utilisation du service.
- Temps d’utilisation du service.
Vous Aimez Vous Faire Confisquer Votre Passeport, Vous ?
Très concrètement, c’est un peu comme si on laissait Monsieur XYZ, un total inconnu, rassembler tous nos mots de passe, notre N° de sécurité sociale, notre numéro de carte d’identité, nos numéros de comptes bancaires, les clés de notre maison, voiture et les stocker dans une boîte.
Monsieur XYZ vous proposerait ensuite de garder cette boîte en sécurité. Accepteriez vous ? Probablement pas. Or, c’est ce que nous faisons tous les jours avec nos smartphones, nos données sur le cloud (quand on souscrit à ce type d’offre), sur les réseaux sociaux et Internet en général.
Ceux qui nous laissent entendre que « tout va bien, que nous n’avons rien à craindre, qu’on s’occupe de tout » empiètent déjà sur nos libertés et sur la démocratie.
La démocratie signifie « le pouvoir au peuple », or, à chaque fois que nous consentons au siphonnage de nos données personnelles par les GAFAM, nous leur donnons un peu de pouvoir sur nous.
La démocratie, ce n’est pas une question de faire confiance à quelqu’un, comme nous le faisons aveuglément avec les GAFAM, c’est rester vigilant.e, en permanence, pour ne pas perdre quelque espace de liberté que ce soit.

Quel est le lien entre la collecte de mes données et la surveillance de masse ?
A partir du moment où nous laissons des entreprises privées faire ce qu’elles veulent avec nos données personnelles, récoltées sur Internet, tout est permis.
Elles les croisent entre elles, déterminent ainsi nos centres d’intérêt, ce que nous faisons et quand, notre niveau de vie, nos amis ou ennemis potentiels. Ces informations valent de l’or pour tous ceux qui ont des produits à nous vendre (publicités ciblées sur Gmail, sur Youtube, Facebook).
Ces entreprises privées sont incroyablement puissantes, en situation de monopole, sur les marchés des réseaux sociaux, e-commerce, smartphones et ordinateurs.
Les créateurs des GAFAM ont assisté aux conséquences néfastes et très puissantes de leur travail sur la société.
Leur devise est « Don’t Be Evil » (Fais le bien !), mais, hum, on peut dire que c’est plutôt raté, vu les scandales qui ont éclaté ces dernières années. Suite à ces évènements,certains ingénieurs de la Silicon Valley se sont « repentis » et dénoncent la nocivité des réseaux sociaux et smartphones.
Quid de ceux qui fascinés par le pouvoir qu’ils ont entre les mains ? Que se passe t-il le jour où ils décident d’utiliser ce pouvoir pour des ambitions personnelles (Elon Musk et ses idées très polluantes, par exemple…) ?
Que se passe t-il le jour où Elon Musk revend les données de ses utilisateurs Twitter à un deuxième gouvernement Trump, sachant qu’aux États-Unis, les dérives en matière de surveillance de masse ont déjà explosé ?
États-Unis : Quand la NSA surveille des mouvements pacifistes

Prenons le chef de la NSA aux États-Unis. Sa devise est de « tout collecter au nom de la lutte contre le terrorisme ». Effectivement, le système de surveillance de masse de la NSA fonctionne à plein régime, au point qu’il a aussi ciblé les participants de mouvements pacifistes, comme Occupy Wall Street.
Occupy Wall Street
Quel est le lien entre le mouvement pacifique Occupy Wall Street et le terrorisme ? Depuis quand un mouvement pacifiste est-il une menace pour la sécurité nationale ? Et comment les Américains en sont-ils arrivés là, d’ailleurs ? Personne n’a voté ni accepté que chacun soit surveillé et enregistré partout dans le monde !
Le mouvement Occupy Wall Street a échoué notamment à cause de la surveillance. Les activistes étaient identifiés par les caméras de reconnaissance faciale disposées dans les rues. On croisait ensuite les données personnelles avec celles que la NSA possédait déjà.
C’est typiquement un exemple d’abus de pouvoir par un État qui craint que sa puissance soit menacée par ses citoyens.
Depuis les attentats de 2001 et le Patriot Act, qui a suivi, les États-Unis ont adopté le contrôle social et l’anticipation de crimes ! C’est ainsi que les services de sécurité ont pu accéder aux données informatiques des particuliers et des entreprises, sans leur consentement préalable. Les utilisateurs n’ont pas été informés. Un besoin de contrôle pathologique de la part des autorités, pour le plus grand plaisir d’entreprises, telles que Amazon.
Amazon Rekognition
Amazon vend en effet à plusieurs bureaux de police et municipalités américaines l’Amazon Rekognition. C’est un système de reconnaissance faciale, en temps réel. Cette « haute » technologie a confondu des membres du congrès américain, généralement noirs, avec des délinquants fichés !
La dangerosité de ce genre d’outils n’est plus à prouver. C’est peut-être pour cette raison que la ville de San Francisco, a décidé, en 2019, de bannir la reconnaissance faciale de ses rues !
Un grand pas en avant, pour le berceau de la révolution numérique.

Les anciens de la Stasi admirent les GAFAM !
La capacité de collecte de données de la NSA laisse d’anciens membres nostalgiques de la Stasi, comme Wolfang Schmidt, rêveurs. En ses propres termes : « C’est un rêve qui devient réalité ». Il l’a vraiment dit, oui.
Le motto de la Stasi, elle-même, était de savoir qui est qui, c’est-à-dire qui pense quoi. Le but était d’influencer les gens et de stopper tout activisme politique avant qu’il n’ait lieu…
À l’époque, cette organisation allait jusqu’à déployer une cinquantaine d’informateurs pour une personne espionnée ! Autant d’informateurs que de traqueurs qui nous suivent à présent, dans nos faits et gestes sur Internet.
La Stasi n’existe plus, certes, mais les abuis de pouvoir se multiplient en Europe.
Des lois radicales et très intrusives en Grande-Bretagne
Les lois les plus radicales et intrusives ont été votées en Grande-Bretagne. L’organisation écologiste Extinction Rebellion a été classée dans la catégorie des groupes terroristes, par la police britannique !
Ces mesures extrêmes et injustes n’ont pas empêché les attentats et autres actes terroristes qu’elles étaient censées prévenir.

L’Europe surveille ses citoyens comme les Etats-unis…
Les lois sur la surveillance sont devenues plus dures. Cette surveillance aurait dû être ciblée, or, c’est devenue une surveillance de masse, en France et en Allemagne.
En effet, les spécialistes du renseignement reçoivent une avalanche de données qu’ils ne peuvent pas traiter correctement. C’est la porte ouverte à toutes les dérives et cela mène au pouvoir de ceux qui s’approprieront toutes ces informations.
Dérives de la surveillance de masse en France
En France, nous avons eu et avons encore… l’état d’urgence, la guerre contre le terrorisme.
On a pu constater les dérives de la surveillance de masse, après l’état d’urgence : au moment de la COP21, en 2015, des militants écologistes ont été surveillés, physiquement et numériquement, et ce, durant plusieurs années. Ils ont été assignés à résidence, sans même une décision de justice !
Quel est le rapport entre les militants écologistes de la COP21 et les attentats terroristes qui ont ensanglanté Paris ? Absolument aucun ! Alors pourquoi surveiller des militants écolos ?
Les outils de surveillance permettent d’intimider ceux qui dérangent le pouvoir en place et de manipuler l’opinion. Voilà ce qui se passe…
A quoi sert la Surveillance de masse à Nice ?
Les caméras de surveillance, installées à Nice, n’ont pas aidé à prévenir l’attentat survenu en 2015 !
Le développement de la surveillance intelligence est devenue un marché juteux auquel des autorités sans recul souscrivent, par fainéantise et fantasme. Le cas du maire de Nice, M. Estrosi, qui collabore avec Thalès, pour mettre en place une SAFE CITY, est éloquent. Il est fasciné par le modèle israélien, qui a développé une véritable technopolice, dans son propre pays.
Parenthèse : il est de notoriété publique que déployer des renseignements généraux, humains, donne plus de résultats que des outils technologiques. Et ça coûte moins cher, et à l’époque de la sobriété numérique, cela pompe moins de ressources…
Si le maire de Nice tombe si facilement dans le fantasme, d’autres peuvent le faire aussi. Il ne faut jamais sous-estimer le manque de clairvoyance d’autorités douteuses…

Les effets pervers de la surveillance sur les gens
Nous avons donc tous quelque chose à cacher et donc à perdre : notre vie privée.
Il ne faut jamais accepter de sacrifier une once de liberté, et donc de vie privée, au nom de la sécurité. On a aucune garantie de conserver l’une et l’autre. Et nos données personnelles, sur nos appareils électroniques, doivent faire partie de notre vie privée.
Voilà pourquoi claironner que l’on s’en fout de ce qui est collecté sur nous par les GAFAM, que l’on a rien d’important à cacher, et puis que de toute façon, on est pas impliqué dans les questions politiques/écolos/d’immigration, n’a pas de sens.
Edward Snowden, expert de la vie privée sur Internet a déclaré à ce sujet :
« Dire que la vie privée ne vous intéresse pas parce que vous n’avez rien à cacher équivaut à dire que la liberté d’expression est inutile parce que vous n’avez rien à dire. Car si vous n’utilisez pas vos propres droits aujourd’hui, d’autres personnes en ont besoin. Les minorités, en particulier.
Dire que vous vous en fichez de vos droits parce que vous ne les utilisez pas est particulièrement asocial. Cela revient à dire « les autres ne m’intéressent pas. Par ailleurs, accepter de renoncer à un peu de liberté parce que l’on nous serine que nous n’avons rien à craindre est illusoire.
Malgré cela, certains ont encore du mal à faire le lien entre les caméras dans la rue, les données personnelles siphonnées sur nos smartphones et le problème que cela représente pour la vie privée.
La plupart d’entre nous se pensent à l’abri de toute surveillance parce qu’il ne fait rien de répréhensible. Or, en fouillant nos données personnelles, on peut toujours trouver quelque chose à interpréter négativement, et plus particulièrement lorsque la notion de ce qui est légal ou non change du jour au lendemain.
Lorsque quelqu’un est surveillé, souvent son entourage pense qu’il y a une bonne raison à cela. Il aurait commis un acte illégal, etc. Pourtant, c’est faux.
Et si un jour vous rejoignez un mouvement quelconque ?
Qu’est-ce qui vous dit que vous ne serez jamais impliqué.e dans rien ? Rien n’est gravé dans le marbre.
Ne jamais rien contester, critiquer du système dans lequel on vit, parce qu’on aurait trop à perdre (confort, emploi, famille), cela même montre qu’il y a un problème.
Admettons que vous ne soyez pas très politisé.e, ni engagé.e à un moment de votre vie. Cela peut changer subitement suite à un événement. Un promoteur qui veut construire un centre commercial dans le champ à côté de chez vous, les petits pots de bébé de votre enfant qui sont contaminés avec une substance dangereuse…
Vous signez une pétition, vous allez à une manifestation. Ça y est : on peut anticiper négativement vos prochains agissements. Présumer que vous allez dégrader quelque chose, inciter à une grève, etc.
Admettons que vous vous sachiez surveillé.e…
L’auto-contrôle social se déclenche.
Vous vous mettez à contrôler ce que vous dites, à réfléchir à vos fréquentations, à vous censurer dans vos recherches sur Internet.
Vous restez dans le doute et craignez de dire ou de faire quelque chose qui pourrait vous rendre suspects. Dans ces conditions, chacun voudrait proclamer qu’il n’a « rien à cacher » et accepterait d’être contrôlé à ce sujet.
Resterait-il quelque chose de privé, d’inviolable en nous ? Oui, ce qui se passe dans notre tête. Or, cet espace privé deviendrait aussitôt suspect puisque caché et impossible à extraire…sauf sous la torture, peut-être.
À regarder :
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